Recherches sur les prisons du régime des mollahs
Ces recherches ont été effectuée de 1996 à 2001 auprès des familles des exécutés politiques et sur la situation dans les prisons en Iran par l'organisation des Moudjahidine du peuple (OMPI).
Viol
Dans les prisons du régime iranien, il y a eu de nombreux cas de viol de jeunes filles et de femmes en particulier au cours des interrogatoires. Elaheh Daknama, une lycéenne sympathisante des Moudjahidine, arrêtée à Chiraz, a été violée durant sa détention. Après son exécution, quand sa famille a récupéré ses affaires, elle avait écrit sur ses vêtements qu’elle avait été violée à sept reprises.
Shahrzad Hodjati-Emami, était une étudiante sympathisante des Moudjahidine, avait été arrêtée à Chiraz. Elle avait été violée avant d’être exécutée, et on l’avait vidé de son sang pour le transfuser aux pasdarans (alors sur le front de la guerre).
Laya Onsorian, une lycéenne sympathisante des Moudjahidine avait été violée à la prison de Tabriz avant d’être exécutée.
Mina Shabanpour était une lycéenne de 15 ans arrêtée à Racht, les tortionnaires étaient impressionnés par sa détermination et sa résistance. Malgré son jeune âge, elle était tenace et sérieuse. Elle était responsable des liaisons entre plusieurs bases secrètes de l’OMPI à Racht. En possession de nombreux renseignements, elle avait été arrêtée lors d’un déplacement. Malgré les horribles tortures, elle est restée fidèle à sa cause et n’a livré aucune information aux tortionnaires.
Selon un rapport nous étant parvenu de la prison de Lahidjan, lorsque Farahnaz Hassandoust et Mahasti Danesh Hekmati ont être exécutées, elles ont crié en direction des autres prisonnières : les amies tenez bon et résistez, l’aube de la victoire est proche. Pour se venger et leur faire payer cet acte de courage, les geôliers les ont sauvagement violées avant de les fusiller. A Ispahan, Djamileh Salehi, une étudiante, a été violée devant son amie Mansoureh Mohebban.
Dans la prison de Chiraz, Maryam Falahat avant son exécution a été violée à trois reprises et on lui a retiré de grosses quantités de sang à trois reprises. A la prison de Hamedan, Mahnaz Sahrakar a été violée. Dans un témoignage parvenu de Téhéran, on peut lire ceci :
Akram Djamshidi était une lycéenne de 17 ans. Elle a été longuement torturée, puis violée. Les geôliers l’ont accusé de corruption de mœurs et ont annoncé à toutes les détenues qu’elle avait été condamnée à recevoir 80 coups de fouet devant les autres détenues. Les gardiens nous ont emmenées voir l’exécution de la sentence. Akram a reçu 80 coups de fouet. Ensuite, mains et pieds liés, elle a été enchaînée aux barreaux de la cour de la prison dans un froid glacial. Puis elle a été torturée à mort. J’ai entendu un pasdaran dire à un autre : va dire à sa famille que leur fille était physiquement faible et c’est pour cela qu’elle est morte en prison.
Dans les prisons du régime des mollahs, les cas de harcèlement et de tortures sexuelles infligés aux femmes Moudjahidine pullulent. Pour briser la résistance d’une prisonnière, le dernier recours était le viol. Avec le viol, non seulement le tortionnaire brisait le corps de la victime, mais il lui brisait également l’âme. Ces crimes ne se limitaient pas au viol. Dans le chapitre intitulé « les femmes », nous évoquerons les pressions exercées contre les femmes qui luttaient en première ligne contre l’obscurantisme religieux.
Les cas de viol ne se limitaient pas aux femmes. Bien souvent, les hommes aussi étaient violés. Notamment, Nadjaf Bani-Mehdi, candidat des Moudjahidine du peuple aux élections législatives à Chahr-e-Kord, a été violé puis tué sous la torture. Un Moudjahidine détenu durant cinq ans dans les prisons d’Evine et de Ghezelhessar rapporte dans un témoignage qu’à la prison de Ghezelhessar, Ali-Akbar Nadjaf Gholian, un Moudjahidine qui a été par la suite exécuté, m’a confié que lors des interrogatoires, il avait été violé et que les tortionnaires lui avaient dit que s’il en parlait, il serait exécuté. Un autre prisonnier sympathisant des Moudjahidine évoque aussi un viol dans son témoignage :
dans la salle numéro 1, il y avait un endroit appelé la cellule 38. Elle était réservée aux prisonniers qui avaient perdu leur équilibre mental. C’était une cellule d’un mètre et demi sur trois, sans fenêtre. Il y avait toujours 5 à 10 personnes dedans. Lorsqu’un prisonnier perdait son équilibre mental, les geôliers disaient qu’il faisait du cinéma. Pour le tester et vérifier s’il était vraiment devenu fou, il le mettait dans la cellule 38. Les personnes qui étaient dans cette cellule faisaient des choses et si quelqu’un n’était pas atteint de folie, il ne pouvait pas le supporter et avouait qu’il n’était pas fou pour qu’on le sorte de là. Par exemple, durant la nuit, les geôliers éteignaient toutes les lumières, puis plusieurs pasdarans entraient dans la cellule et frappaient tout le monde à coups de câbles et de bâtons. Les occupants de cette cellule étaient constamment blessés. De plus, les geôliers y mettaient aussi un prisonnier de droit commun qui était un violeur. Il avait l’autorisation de quitter la cellule quand il le voulait et il était souvent dehors. Sa mission était de violer les prisonniers devant les autres. Il avait violé tous les prisonniers de cette cellule.
En 1985, un détenu qui s’appelait Karim avait été jeté dans cette cellule car il avait fait preuve de beaucoup de résistance. A cause des tortures qu’il avait subies, il avait perdu son équilibre mental et il était devenu complètement fou. Il allait très mal et il n’y avait aucun espoir qu’il puisse survivre. Malgré tout, les geôliers ne le libéraient pas. Là-bas, il y avait un autre prisonnier qui s’appelait Mohammad Taher. Il avait été emprisonné en 1980. A la prison de Gohardacht, pour lui extorquer des aveux, les tortionnaires lui avaient planté un gros clou dans la hanche. Trois ans après, sa hanche était toujours infectée. A cause des tortures qu’il avait subies, Mohammad était devenu fou. Lui aussi, a été mis quelque temps dans la cellule 38.
Selon les rapports parvenus, dans de nombreux cas, les hommes qui ont subi des viols sont devenus fous. Reza Shirzadian est l’un d’eux. Reza avait participé à plusieurs opérations dans la région d’Islamchahr et sur la route de Saveh. Lors d’une opération, il avait eu un accident de moto et avait été arrêté. Après avoir été longuement torturé, il a été transféré à la prison de Gohardacht. Il y a été incarcéré de 1982 à 1983.
En 1984, il a été transféré dans une cellule collective. Les autres prisonniers ont constaté que Reza avait un comportement anormal : il était devenu fou. Un ancien prisonnier qui l’a connu durant sa détention a écrit ceci : dans sa cellule, Reza avait été violé par les pasdarans et en avait perdu son équilibre psychologique. Néanmoins, il gardait toujours une position ferme et déterminée à l’encontre des repentis et des traîtres. Des repentis étaient venus nous parler, Reza leur avait crié : tout ce que vous nous dites sur les Moudjahidine, ce sont des mensonges. A la fin vous aussi, vous serez tous exécutés.