Saturday, August 29, 2009

Dans la prison d'Evin à Téhéran, "la nuit, j'entendais des cris"


LE MONDE | 28.08.09 | 16h15 • Mis à jour le 28.08.09 | 16h21

Après deux mois et demi d'incarcération, l'avocat Abdolfattah Soltani, pilier à Téhéran du Centre de défense des droits de l'homme auquel collabore le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a été libéré mercredi 26 août. Cet homme droit et discret, dont le courage n'est plus à démontrer, a été plusieurs fois emprisonné pour son combat en faveur des droits de l'homme. Joint par téléphone à Téhéran à sa sortie de prison, il a raconté son arrestation au Monde.
" Le 16 juin (quatre jours après l'élection contestée du président Ahmadinejad), quatre agents en civil se sont présentés dans mon cabinet au nom du parquet révolutionnaire, sans explication, ni mandat d'amener." Les yeux bandés il est emmené dans ce qu'il croit être la prison d'Evin. Il devra attendre vingt-sept heures avant qu'un juge lui signifie qu'il est là pour "activités contre la sûreté de l'Etat et propagande contre le régime".

Ensuite, c'est l'enfer : "Je suis resté dans une cellule minuscule pendant 17 jours, sans voir personne, sans livre, sans nouvelle, sans même la permission de prendre une douche." Les interrogatoires se succèdent. On le menace beaucoup mais on ne le brutalise pas physiquement "Les juges voulaient que je m'engage à renoncer à travailler avec Shirin Ebadi et que je cesse de parler aux médias étrangers, notamment la BBC."

Abdolfattah Soltani ne cède pas. On finit par le transférer à la fameuse "section 209" d'Evin, prison dans la prison aux mains des services secrets des gardiens de la révolution. Pour lui, épuisé par la solitude, c'est "déjà un progrès". "Je partageais ma cellule avec deux, parfois trois détenus. Des jeunes manifestants pour la plupart. J'avais de quoi lire, me laver. J'ai pu téléphoner enfin chez moi."
Les pressions et les interrogations reprennent de plus belle. "J'ai fait valoir que mon arrestation était sans fondement. Qu'ai-je à voir avec les partis politiques ? Je n'appartiens à aucun, je ne milite que pour les droits de l'homme."
Il se rend vite compte que les détenus n'ont pas le droit d'être assistés par un avocat lors des interrogatoires. "Ils ont modifié la procédure pénale en ce sens, si bien que durant l'instruction, règne l'arbitraire le plus total. Moi, je me sentais privilégié en tant qu'avocat, je pouvais répondre, argumenter. Les jeunes ne connaissaient pas leurs droits, ils étaient plus vulnérables aux pressions." D'autant que ces "pressions" sont brutales.

A Evin, à la section 209, il entend tout : "Au coeur de la nuit, il n'était pas rare que ces jeunes soient réveillés et interrogés. A plusieurs reprises, j'ai entendu des cris. "je n'en peux plus ! Arrêtez !"" Ses codétenus le lui confirmeront, plusieurs ont été sévèrement battus et torturés. Certains, venus d'autres prisons, lui expliqueront "qu'ils ont vu des milliers de personnes arrêtées dans des centres de détention semi-secrets comme Kahrizak (fermé depuis par le régime pour "abus"), Shapour ou Pasargad".

Finalement - effet de la campagne internationale en sa faveur ? -, il est libéré, mais doit payer une caution. "L'équivalent de 70 000 euros, ce n'est pas négligeable pour un avocat comme moi qui défend gratuitement des centaines de détenus politiques."

Et l'avenir ? M. Soltani est catégorique. "Les autorités ont fermé notre Centre il y a déjà quelques mois, mais je reprends le travail." Au passage, juriste jusqu'au bout, il porte plainte contre Matin Rasek, le vice-procureur révolutionnaire qui l'a fait arrêter "car je n'ai rien fait d'illégal".

Ce nouveau témoignage s'inscrit dans la polémique en cours au sein du régime sur le traitement des quelque 4 000 personnes arrêtées durant les manifestations post-électorales. Le candidat réformateur Mehdi Karoubi en dénonçant des "viols systématiques" en prison avait provoqué la création d'une commission d'enquête parlementaire à ce sujet. La commission dit pour l'instant ne pas avoir de preuve. Mais l'un de ses membres - s'exprimant toutefois de façon anonyme - a confirmé sur Internet les accusations, précisant mercredi que des viols à l'aide "de bouteilles et de bâton" avaient été pratiqués. Un nouveau sujet d'embarras pour le gouvernement de M. Ahmadinejad qui affronte en fin de semaine le vote de confiance d'un Parlement divisé.

Marie-Claude Decamps

Article paru dans l'édition du 29.08.09.

Wednesday, August 26, 2009

Des manifestants violés dans une prison de Téhéran




par Delphine Minoui

Le figaro.fr - Des détenues dans la prison d'Evin, au nord de Téhéran, en juin 2006. Fondé sous le règne du chah, l'établissement sert depuis la révolution islamique à enfermer les opposants politiques. Crédits photo : AFP
Encouragés par le candidat malheureux à la présidentielle Mehdi Karoubi, les opposants à Ahmadinejad s'efforcent de témoigner des sévices subis par les contestataires lors de leurs interrogatoires.

Il préfère taire son nom. Pourtant, il veut témoigner, malgré les risques de représailles. «En prison, ils m'ont ligoté les mains et les pieds, ils m'ont battu à mort, puis ils m'ont fait quelque chose qui est un péché même pour les apostats», confie le jeune homme, en allusion au viol subi lors de ses interrogatoires derrière les barreaux de la prison de Kahrizak, au sud de Téhéran.

Publié en début de se­maine par Etemad e Melli, le site Internet de Mehdi Karoubi, candidat malheureux à la présidentielle, le récit détaillé de la descente aux enfers de ce manifestant vient confirmer la violence de la répression postélectorale. Il montre, aussi, la volonté des durs du régime d'étouffer ces diverses affaires de sévices. Pas plus tard que mardi, un membre d'une commission d'en­quête du Parlement a même déclaré «infondé» ce genre de révélations.

Au-delà de la honte d'avoir été violenté, il y a donc, aussi, l'humiliation d'être accusé de mensonge. Une fois libéré, fin juillet, le jeune homme se réfugie, d'abord, dans le silence le plus total. «Il a fallu de longues journées pour que je me remette, que je retrouve confiance en moi, que j'accepte ce qui s'est passé et que je renonce à l'idée de me suicider», confie-t-il au site iranien. Ayant eu vent des efforts déployés par le réformiste Mehdi Karoubi, il finit par aller lui raconter son histoire. La confiance s'instaure entre les deux hommes. La semaine dernière, ils décident de se voir à nouveau dans le bureau de Karoubi. Mais cette fois-ci, leur discussion est vite interrompue par la visite inopinée de deux représentants du pouvoir judiciaire, accompagnés d'un juge.


Tombes anonymes

S'en suit un interrogatoire musclé de trois heures, truffé de questions embarrassantes. «Ils m'ont interrogé sur le degré de pénétration et m'ont demandé si mon agresseur avait joui… J'étais très perturbé», raconte le jeune homme. En route vers le médecin légiste, il ose alors demander : «Qu'ai-je fait pour mériter un tel traitement ?» L'un de ses interrogateurs lui répond : «Quand le guide suprême déclare qu'il n'y a pas de fraude électorale, alors il n'y a pas de fraude électorale !» Une fois arrivé à la clinique, il comprend que l'examen aura lieu sous le regard policier d'un agent de sécurité. Pendant qu'il attend les résultats, ce dernier le traite de «menteur» et l'accuse «d'avoir dé­shonoré» sa famille.

À ce jour, seules quatre personnes ont osé, comme lui, franchir le mur de la peur, en confirmant avoir été violées. Selon diverses ONG locales, les chiffres seraient nettement plus élevés. Sans compter les nombreuses victimes ayant succombé à leurs sévices et dont les familles n'osent pas faire mention, les plaintes formulées étant aussitôt utilisées contre elles et contre l'opposition iranienne. Dernier exemple en date du silence forcé qui s'abat sur l'Iran : le responsable du cimetière Behecht-é Zahra démentant l'enterrement de dizaines de victimes de la violence post-électorale dans des fosses non identifiées. Quelques jours plus tôt, le site d'information réformiste Norooznews avait révélé que plus de 40 corps, d'abord congelés dans une «unité de stockage industriel», avaient été inhumés les 12 et 15 juillet dans des tombes dépourvues d'insignes. Selon un bilan officiel, environ 30 personnes auraient péri dans les émeutes qui ont suivi le scrutin du 12 juin. Mais l'opposition parle d'au moins 69 morts, tandis que certains diplomates oc­cidentaux évoquent jusqu'à 300 victimes.

Le scandale des viols s'inscrit dans le bras de fer qui oppose de­puis deux mois l'entourage d'Ahmadinejad à ses adversaires réformistes, et qui s'est à nouveau illustré, mardi, par la reprise, à huis clos, du procès collectif des opposants iraniens. Objectif à peine voilé : la volonté de ternir la réputation du courant réformateur, né de l'élection de Mohammad Khatami, en 1997, et de le déclarer hors la loi. À plusieurs reprises, certains ultraconservateurs en ont même appelé au jugement et à l'arrestation des deux principaux rivaux du président réélu, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi. Ce dernier, dont le journal vient de subir les foudres de la censure, a été menacé d'ê­tre puni de «quatre-vingts coups de fouet».

De toute évidence, son audace dérange. Il est le premier à avoir dénoncé, fin juillet, «les viols sauvages de filles et garçons emprisonnés». Le guide suprême avait pourtant tenté de calmer le jeu en ordonnant la fermeture de la prison de Kahrizak. Pour Karoubi, ce n'est pas suffisant. Selon son site Web, il envisage déjà de publier d'autres témoignages de victimes.

Une semaine de solidarité avec les femmes, en première ligne de la lutte pour la liberté




Une semaine de « solidarité avec les femmes insurgées d’Iran et les femmes d'Achraf » vient d’être lancée ce dimanche 16 août. En solidarité avec les femmes en première ligne du soulèvement en contre le régime clérical, ainsi que les 1000 femmes opposantes iraniennes du camp d'Achraf en Irak qui a subit le 28 juillet dernier une attaque sanglante des forces irakiennes dont le bilan s’élève à 11 morts et près de 500 blessés ainsi que 36 otages.



A cette occasion une soirée a été organisée au siège des résistants iraniens en France en présence de Maryam Radjavi, dirigeante de la coalition du Conseil national de la Résistance iranienne et de nombreux militants des droits des femmes et des personnalités politiques.

Plusieurs dizaine d'habitant du Val d'Oise ont déclaré avoir eu l’« idée en cette journée de solidarité avec les femmes iraniennes, qui luttent en première ligne contre la dictature religieuse, de les soutenir en devenant parrain ou marraine de ces mille femmes."

Ces Valdoisiens dont certains ont déjà visité dans le passé le camp d'Achraf ont déclaré : « Nous proposons à nos concitoyens de devenir parrain ou marraine d'une de nos mille sœurs d'Achraf. »

« Nous alertons la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l'homme, que nous porterons plainte devant la juridiction compétente pour la moindre agression ou humiliation faite à l'égard de ces femmes », ont-ils ajouté.

Mme Radjavi, a pour sa part déclaré : « lors de leur agression contre Achraf, les forces irakiennes ont menacées les femmes de porter atteinte à leur dignité et d’agressions sexuelles collectives. Les assaillants ont même menacé de massacrer tous les hommes d’Achraf pour ensuite prendre d’assaut le quartier des femmes. Ces menaces viennent de criminels envoyés directement par le régime iranien à Achraf ou par ses agents. Cela fait des années que leurs semblables font subir les mêmes violences aux femmes en Iran.»

« Récemment, l’ancien président du Majlis, le parlement des mollahs, a révélé que les filles et les garçons étaient si sauvagement violés en prison, qu’ils n’avaient pas la force de retrouver une vie normale, » a-t-elle ajouté.

Pour empêcher la poursuite de la répression des femmes en Iran et de la catastrophe à Ashraf, Mme Radjavi a appelé la communauté internationale, spécialement les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU, à tout faire pour satisfaire ces demandes :

-La libération des prisonniers politiques, spécialement des femmes, en Iran
-Le retrait sans délai des forces irakiennes de la cité d’Achraf et la constitution d'une force internationale supervisée par l’ONU pour la protéger.

Appel à sauver la vie des prisonnières politiques à Evine




Les prisonnières politiques de la section 209 d’Evine connaissent des conditions inhumaines et subissent des tortures physiques et psychologiques. D’autant plus qu’avec le transfert dans cette section des femmes et jeunes filles arrêtées durant le soulèvement populaire en Iran, les cellules sont surpeuplées.

De même, les geôliers et les tortionnaires disent aux détenues qu’elles doivent servir d’exemples à ces nouvelles prisonnières pour qu’elles n’osent plus aller manifester.

Ces cellules n’ont pas de système d’aération et dans la chaleur de l’été les prisonnières étouffent, souffrent de maux de tête violents, de nausées et de problèmes respiratoires.

Compte tenu des possibilités limitées de se rendre aux toilettes, la plupart souffrent de maladies de la vessie, des reins et du système digestif.

Parmi les détenues de cette section, Mahsa Naderi, une étudiante de 19 ans, est maintenue en isolement cellulaire sur ordre de Saïd Sheikhan, chef de la section 209, bien que sa peine ait été prononcée. Elle a contracté diverses maladies en prison, et reste privée de soins.

Mme Fatemeh Zia’i, 52 ans, atteinte de sclérose en plaque, est dans un état gravissime. Malgré cinq mois d’incarcération, elle n’est toujours pas fixée sur son sort. Le tortionnaire Alavi lui a dit qu’elle ne sortirait pas vivante de cette section, et que plus vite elle mourrait, mieux cela vaudrait pour elle et pour lui. Les interrogateurs du ministère du Renseignement n’autorisent aucune visite de sa famille.

Mmes Atefeh Nabavi, Azmoudeh Babakhani, et Shiva Nazar-Ahari, font partie de cette section. Shiva Nazar-Ahari, après 57 jours d’enfermement, n’est toujours pas fixée sur son sort et sa famille n’a pas réussi à la voir ; ses contacts téléphoniques sont aussi interrompus depuis longtemps.

La commission des femmes du CNRI appelle les instances et les organes de défense des droits humains et des droits des femmes à condamner les arrestations massive set arbitraires en Iran et la situation abominable des prisonnières. Elle demande au haut commissaire des droits de l’homme et au rapporteur spécial sur la violence faite aux femmes d’envoyer une mission pour enquêter sur la situation des détenues en Iran.
Article de CSDHI

Friday, August 21, 2009

Une semaine de solidarité avec les femmes iranienne



Depuis le premier jour, le régime des mollahs a fait du viol une torture et une arme contre les Iraniens, en particulier contre les femmes.

Regardons l’histoire de la répression et de la torture contre les femmes en Iran durant ces trente dernières années.
Quelle est la dernière arme qui reste au régime ? Quand il n’éparge les femmes d’aucune scène de torture, d’exécutions et de massacre, quand la résistance glorieuse des femmes Modjahed et combattantes met à genoux les bourreaux, à ce moment, la dernière arme qui leur reste, c’est l’agression sexuelle, l’humiliation et l’atteinte à la dignité.

C’est pourquoi nous luttons pour faire disparaître le fascime religieux dans sa totalité, son histoire et sa culture, que l’on peut résumer par les mots de viol et d’agression. Le viol et l’atteinte à la dignité et aux droits des femmes et des hommes en prison et de tous les Iraniens.

La résistance des hommes et des femmes d’Achraf désempare le régime des mollahs. Dans ces scènes de heurts et de massacre des 28 et 29 juillet, si les femmes d’Achraf n’avaient pas résisté, n’avaient pas formé de bouclier humain, et si elles n’avaient pas fait preuve d’un moral d’acier et d’une foi à toute épreuve, avec particulièrement un commandement exemplaire et une présence en première ligne, il est certain que le nombre de martyrs et de blessés aurait été bien plus élevé.C’est ce qu’ont dit les hommes d’Achraf.
 

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